26 mars 2025

Retour sur le parcours de Gulya Mirzoeva : quatre nouveaux films à savourer.

Nous tentons, depuis les premiers mois de BED.bzh ( 2014 ) , d'attirer votre attention sur des réalisateurs peu médiatisés, mais qui font à nos yeux un vrai travail d'arpentage de leur culture ou de leur pays d'origine. Un travail de sauvetage parfois, une œuvre pédagogique souvent. C'est le cas de Gulya Mirzoeva, originaire du Tadjikistan, dont nous avions rédigé le portrait en 2014.

Alors, nous avions écrit : Gulya Mirzoeva a toujours sautillé entre deux cultures, entre deux frontières, comme on joue à la marelle. Culture tadjik, culture russe.
Puis la France, puisque les amours sont ainsi…
Entre deux mondes, entre deux documentaires, en quête de repères.
Entre deux cadres qu’elle soigne avec talent. Images-mouvements.
Entre deux scénarios de fiction qu’elle peaufine sans cesse.
Entre deux poèmes, parce que la vie est ainsi.

Depuis, sa filmographie s'est étoffée, nous l'avons mise à jour, et nous venons de rajouter quatre de ses films en intégralité, grâce à sa collaboration active.

C'est un bonheur de revoir dans Le savant, l'imposteur et Staline des images de Vavilov, le botaniste russe génial que Staline s'empressa d'éliminer au profit d'un usurpateur, Lyssenko. Le ballet des images d'archives nous fascine. Ne pas oublier de continuer le voyage avec le passionnant livre Aux sources de notre nourriture, aux éditions Nevicata.

C'est encore un autre bonheur de retrouver des années après Le temps des frontières tourné en 2006. Ou de pouvoir partager Sept jours de la vie du Père Noël , un documentaire ultra-sensible et intimiste qui nous fait approcher les difficultés économiques en Russie, mais aussi la grandeur de cette culture. Ces deux derniers films ont été accompagnés par Gilles Padovani de Mille et une films. Enfin, vous pourrez découvrir le récent Katia et Rimma , qui se tourne alors que les deux protagonistes vont devoir quitter leur immeuble soviétique,  pour être relogées dans un immeuble moderne. Accordant leur confiance à la réalisatrice qui les suit dans une intime cohabitation, elles incarnent cette confrontation du passé et de l'avenir, entre adieux douloureux et espoir naissant.  

On devine bien combien Gulya aura mis de passion dans ses films pour nous ouvrir les portes de son pays natal, et plus largement celles de l'Asie centrale, dont nous savons peu de choses en France. Sans oublier ses documentaires tournés en Russie, une Russie du quotidien montrée sous un autre jour que dans nos médias. Un continent tout entier, avec ses merveilles architecturales, traditionnelles et des cultures singulières, fruits de multiples invasions et métissages. La diversité culturelle, telle que nous avons toujours aimé la défendre et la valoriser. On pourrait encore citer Shabbat, Retour à Douchanbé, Derrière la forêt, Où-es tu Elvira ?

Dernier clin d'oeil à Duo, le premier film de Gulya, entre deux vieillards et des petits chatons, les jeux de lumière qui épousent la misère, et les jeunes pousses de vignes qui font que l'espoir survit.

Merci à Gulya pour ces voyages au-delà de nos frontières.