Ariel Nathan

Franc-tireur !

 

Ariel Nathan, documentariste, militant, amoureux de la mer, franc-tireur, fédérateur, grande gueule… ne défendra plus ses films lui-même.
Alors, nous avons souhaité qu’il soit présent parmi les vivants, que sa voix et ses images nous interpellent encore un peu.

Avec Retour à Plozévet, tourné en 1999, une façon d’arpenter cette Bretagne qui lui est chère, en revenant sur l’enquête d’Edgar Morin et de son équipe dans les années 1960 en pays bigouden.
L’année précédente, il avait participé au tournage de Kurdistan : je reviens d’un pays qui n’existe pas. Un film dans la veine militante d’Ariel, un film qui dit encore des choses essentielles sur ce peuple assez méconnu.
Et puis, en 2010, le poète Ariel avait tenté de capter l’âme errante d’un autre poète : Xavier Grall, lettres à mes filles. Encore une autre facette d’Ariel.
Comme une jolie sarabande, quelques titres de ses films !
Sacrée laïcité – Enfants, vos papiers ! – La Colo des homards – Le Mai breton du Joint français – Chronique d’un caillou mazouté – Le Café de Françoise – Frères de cordée – Le Marchand de sable et le peuple des dunes – Accros au poisson – Rupture(s) à Mellionnec – « Charlie Capelle », le bateau qui ne voulait pas mourir…

Laissons la parole à ses collègues, Nathalie Marcault et Brigitte Chevet, de Films en Bretagne.
Ariel Nathan nous a quittés, publié le 16/08/2012.
Le mardi 14 août, nous avons appris avec une très grande tristesse la disparition d’un ami et collègue. Ariel Nathan, auteur et réalisateur de documentaires, nous a quittés à l’âge de 61 ans, emporté par une maladie foudroyante. C’était une figure marquante de l’audiovisuel en Bretagne, une forte personnalité attachante, que son sens de l’engagement avait conduit à s’impliquer dans des associations comme Films en Bretagne, Comptoir du Doc, l’Arbre.

• Ariel n’était jamais à court d’idées et de projets. En juin, il avait imaginé rendre hommage au film de Jean Rouch et Edgar Morin Chronique d’un été en conviant quelques amis réalisateurs à participer, cinquante ans plus tard, à une sorte de remake du documentaire. Au décès de Chris Marker, s’apercevant qu’il connaissait finalement assez mal son œuvre, il avait envisagé d’organiser des projections collectives des films du cinéaste. La maladie ne lui en aura pas laissé le temps. Il aimait avec passion susciter des débats, réfléchir avec d’autres, lancer des initiatives. C’était à la fois un fédérateur et un franc-tireur.
• Né à Paris d’un père résistant et journaliste de presse écrite, journaliste de formation lui-même, Ariel s’engage très tôt dans l’action militante. En 1972, il partage le combat des ouvriers du Joint français à Saint-Brieuc. En 2002, il en fera un film, Le Mai breton du Joint français, qui revisite le conflit quarante plus tard. Sa filmographie témoigne de son intérêt pour la politique, au sens large du terme. Sacrée laïcité questionne l’application des principes de la loi de 1905 à l’occasion de la construction d’un nouveau centre islamique. Marianne en campagne est une plongée dans les coulisses de l’hebdomadaire au moment de la campagne présidentielle de 2007. Retour à Plozévet sonde les traces laissées par Edgar Morin et son équipe lors de son enquête ethnographique sur la petite commune finistérienne. Jusqu’au plus récent de ses films : Charles Josselin, un homme en campagne, portrait de l’homme politique breton, qui a été diffusé récemment sur France 3 Bretagne. La plupart de ses documentaires ont été coproduits par la station régionale bretonne, et par des sociétés rennaises (Aligal, Candela ou Vivement Lundi !).
• Ariel vient s’installer à Rennes en 1994 pour l’amour de la Bretagne, du bateau à voile et de la pêche qu’il pratiquait avec assiduité. C’est dans la capitale bretonne qu’il élève ses deux fils Maël et Camille, après sa séparation d’avec sa première compagne, l’écrivain Dorothée Letessier.
• Dès son arrivée à Rennes, il s’implique fortement dans les associations professionnelles en région, militant avec conviction en faveur de la décentralisation audiovisuelle. Présent à la naissance de l’Arbre (Association des réalisateurs de Bretagne) et de Films en Bretagne, il est aussi à l’origine, avec un groupe d’amis rennais, de Comptoir du Doc. Au sein de cette association de promotion et de diffusion du documentaire, il crée le festival « Images de justice », en collaboration avec le Parlement de Bretagne. Il est, à plusieurs reprises, un administrateur assidu de Films en Bretagne. Ces dernières années, il prend activement part au réseau interrégional, réunissant les différentes associations de réalisateurs en France, ainsi qu’aux rencontres professionnelles Doc’Ouest de Pléneuf-Val-André. Plus récemment, il crée à Rennes un lieu alternatif de rencontres et de projections, l’Atelier d’Aran, en tandem avec le réalisateur Antoine Tracou.
• Depuis ce mardi 14 août, les témoignages de ses amis, collègues et connaissances affluent, rappelant les moments de convivialité et les discussions partagés avec lui, soulignant le plaisir à travailler à ses côtés, évoquant son charme, son charisme, remémorant ses questionnements, sa manière de bousculer les certitudes. Cette année, Ariel avait repris la coprésidence de l’Arbre, afin d’accompagner la nouvelle génération d’auteurs-réalisateurs. Il avait accepté ce rôle de bon cœur, heureux de pouvoir transmettre le témoin du militantisme et de l’esprit collectif, ravi que son coprésident se prénomme Maël comme l’un de ses fils. Figure de père pour les plus jeunes, ou de grand frère, il nous laissera le souvenir prégnant d’une personnalité généreuse, d’un caractère fort bouillonnant d’idées, capable de coups de gueule, à l’ironie parfois mordante, d’un bon vivant qui laissait rarement indifférent. Sa pudeur nous aura empêchés de réaliser à quel point ses problèmes de santé, pourtant récents, étaient importants.
• Ariel a été incinéré le lundi 20 août au crématorium de Vern-sur-Seiche, près de Rennes. La cérémonie, ponctuée d’émouvants témoignages, a réuni une assemblée nombreuse. Un hommage lui sera rendu à Doc’Ouest et pendant le Festival de cinéma de Douarnenez qui va projeter Xavier Grall, lettres à mes filles, le vendredi 24 août à 18 h à la MJC.

Nous pensons à sa compagne Agnès, à sa famille et à ses proches. Brigitte Chevet et Nathalie Marcault.
 

Documentaires pour la télévision

  • 2011 Charles Josselin, un homme en campagne. 52′
  • 2010 Xavier Grall, lettres à mes filles. 52′
  • 2007 Marianne en campagne. 80’
  • 2005 Sacrée laïcité. 52′
  • 2006 Enfants, vos papiers ! 26′
  • 2005 L’océan Pharmacien. 52′
  • 2004 La Colo des homards. 45′
  • 2003 Un refuge pour les demandeurs d’asile. 26'
    France 3 ouest
  • 2002 Le Mai breton du joint français. 26′
  • 2001 Chronique d’un caillou mazouté. 64′
  • 2000 Chronique d’une Renaissance: le Parlement de Bretagne. 45'
  • 1999 Retour à PLOZEVET. 54′
  • 1998 Je reviens d’un pays qui n’existe pas, 24'
    scénario, prises de vues
  • 1993 Accident de carrière. 52'

Réalisateur de nombreux magazines Littoral avec France 3