Peuples premiers d'Amérique du Nord

Edition 2023
affiche 2023

Premiers peuples d'Amérique du Nord, c'est après de longues discussions l'appellation retenue pour cette édition, du 19 au 26 août 2023. En 1979, on parlait de Nations indiennes, qu'on accolait au Peuple breton. Depuis pas mal d'années, le terme Amérindiens, aux relents colonialistes est banni par les intéressés, tout comme le mot Indiens. Mais aucun solution ne trouve grâce en français, quand en anglais on parle facilement de First nations. La solution serait l'énumération de chacun de ces peuples, ce qui s'avère difficile, voire impossible. 

Des passeurs, tels des pisteurs dans la neige, sont apparus assez vite : l'anthropologue visuelle Sophie Gergaud, autrice de Cinéastes autochtones, la souveraineté culturelle en action, et animatrice du site De la plume à l'écran; Caroline Zéau, doctorante en cinéma ; Fabrice Le Corguillé, docteur en études américaines. De l'autre côté de l'Atlantique, André Dudemaine, le directeur du Festival Présence autochtone à Montréal, les responsables ou réalisateurs du site Wapikoni mobile, les dirigeants de l'ONF, Office National du Film au Québec. Puis des rencontres déterminantes lors d'un séjour à Montréal : Alanis Obomsawin, cinéaste abénakise, Caroline et Emilie Monnet, artistes ashinabe ayant passé enfants leurs vacances à Douarnenez ; Kim O'bomsawin aussi d'origine abénakise, présidente de Terre Innue. Kim a réalisé un portrait tendre d'une grande dame, qui allait aussi guider sur des terres poétiques les programmateurs : Je m'appelle humain, sur la poète innue Joséphine Bacon (publiée chez Mémoire d'encrier), et qui fera elle aussi le voyage en terres bretonnes. Avant cela, en 2018, Kim documentait Ce silence qui tue, poignant hommage aux femmes autochtones disparues, un fait de société terriblement préoccupant. 

On a donc pu voyager au fil de la rétrospective des films d'Alanis Obomsawin, films que vous pouvez retrouver en partie sur le site BED. Parmi les films les plus repérés, Mère de tant d'enfants, son premier long-métrage réalisé en 1977, ou Kanehsatake, 270 ans de résistance, filmé en urgence depuis les barricades d'Oka en 1990, mais on aurait voulu tous les voir. Croiser Réal Junior Leblanc, poète innu, et réalisateur formé aux ateliers du Wapikoni mobile, modèle ingénieux et pérenne de formation dans les réserves, sous forme de camions équipés en audiovisuel, et itinérants. De lui, on pourra voir ci-dessous Blocus 138, la résistance innue. Comme on pourra découvrir Wapikoni - Escale à Kitcisakik de Mathieu Vachon et Manon Barbeau, initiatrice du Wapikoni. `Découvrir les films de Caroline Monnet, dont sa fiction Bootleggers, mais aussi ses photos grand format exposées à Douarnenez, suivre le focus animation avec Diane Obomsawin. S 'émouvoir encore avec la fiction, Kuessipan, de Myriam Verreault, adaptation très réussie du roman de Naomi Fontaine, autre jeune poétesse innue. 

Si l'on voulait s'abreuver aux sources de ces cinémas autochtones, il fallait ne pas manquer Reel Injun, de Neil Diamond, Catherine Bainbridge et Jeremiah Hayes, qui ont exploré plus de 4000 films pour retracer l'évolution de l'image des autochtones au cinéma. Ou comment le 7ème art a pu faire évoluer notre perception de ces peuples. Ou revoir de grands classiques comme Incident à Oglala de Michael Apted sur la condamnation de Leonard Peltier, ou Phoenix Arizona, de Chris Eyre, adapté du romancier Sherman Alexie. 

Mais on serait pas exhaustif si on ne mentionnait pas une programmation inuit rare et originale, dont le chef de file serait Zacharias Kunuk, déjà connu pour Atanarjuat, la légende de l'homme rapide en 2001, mais qui réitère son exploit avec Searchers, un récit transposé en 1913 au Nunavut. On citera encore Horreur boréale, revigorante fiction tournée en inuktitut ou Angry Inuk, de Alethea Arnakuk- Baril, documentaire qui explore avec humour les controverses autour de la chasse au phoque. Chasseuse de son de Chelsea Mcmullan et Tanya Tagaq, nous plonge avec délices dans l'univers de la chanteuse de gorge Tanya Tagaq. On en redemande ! 

Côté Bretagne :

Au sein du Focus Jean-Jacques Rault, cinéaste ex-paysan, fondateur de Ty Films à Mellionnec, on a pu voir cinq de ses films dont le dernier co-réalisé avec Céline Dréan, 20 ans sans ferme, ou assister au master-class en sa présence, joliment nommé Chemins de traverse. Découvrir à ce sujet notre article complet sur le master class, ou revoir 3 de ses films, Une nuit avec les ramasseurs de volailles, Au risque d'être soi, et Vague à l'âme paysanne, c'est possible sur la page Jean-Jacques Rault, qui comporte aussi un long portrait et sa filmographie complète. A signaler: la captation du master-class bientôt en ligne aussi. 

Parmi tous les autres documentaires qui ont marqué cette édition, signalons Maël et la révolution de Céline Thiou, qui a eu le privilège d'ouvrir le Mois du Doc en Finistère, choisi par des lycéens en option audiovisuel. Un film où ils se reconnaissent, qui milite pour un monde plus juste !